Législatives 1993

Auteur : Pascal Buléon


1993, l'année des Législatives est dans le droit fil de 1992. Ces Législatives qui, arrivent à leur terme normal constituent le premier grand rendez-vous politique national depuis les Présidentielles et les législatives de 1988. Les législatives de 1988 comme celles de 1981 résultaient de la dissolution de l'Assemblée après l'élection du Président.

A chaque fois, elles avaient connu une abstention un peu plus forte qu'à une échéance normale, une part de l'électorat, principalement de Droite, en l'occurrence ici, avait jugé inutile de se déplacer. Les rendez-vous politiques intermédiaires qui ne mettaient en cause ni la représentation nationale, ni la présidence, n'avaient pas manqué entre 1988 et 1993. Ils étaient suffisamment nombreux pour que leur succession même soit souvent évoquée comme une des raisons de l'abstention plus élevée.

Hormis d'un côté, le référendum sur le statut de la Nouvelle-Calédonie en 1988 qui atteignit 63 % d'abstention et les Européennes de 1989, 51 % (le plus fort niveau des trois scrutins européens de 1979, 1984 et 1978), et de l'autre les Municipales de 1989 avec 27,1 % d'abstention, les quatre autres scrutins dépassèrent les 29 % d'abstention.

En 1993, un tiers des électeurs ne se déplacent pas non plus. Il faut y ajouter un nombre important de blancs et nuls (1.400.000). L'abstention devient une dimension forte et durable de la vie politique française. Elle est encore plus significative lors de ces législatives où l'électorat désigne son assemblée cinq années après le début du septennat. Le doute et la perplexité très présents depuis plusieurs années, manifestes lors des régionales de 1992, marquent encore le vote de 1993.

Aucun projet n'apparaît vraiment au cours de la campagne, la campagne elle-même mobilise peu, et ne passionne personne. Le résultat est dévastateur et sans appel pour le Parti Socialiste, et la Gauche en général, il ne donne pas pour autant d'élan à la Droite qui se retrouve, bénéficiaire d'un vote de rejet, à la tête d'une si forte majorité qu'elle est politiquement encombrante.

Nationalement, le Parti Socialiste obtient au premier tour 17,39 %, avec les quelques alliés de la majorité présidentielle 19,20 %. Le Parti Communiste 9,14 %. Le total de la Gauche dépasse à peine les 30 %. Le reflux est considérable. Comparé au point haut des années 1980, 1988, la majorité présidentielle perd quatre millions de voix. Avec 17 %, le Parti Socialiste se retrouve troisième force électorale du pays, derrière le RPR (19 %), et l'UDF (18 %), seulement cinq points et 1,2 millions de voix au-dessus du FN.

Le parti pivot de l'échiquier électoral des années 1980 est arrivé très bas. Il retrouve le niveau de 1973, mais avec une courbe d'évolution totalement opposée. Le parti communiste a proportionnellement moins souffert, il n'est pas à ce moment associé au gouvernement, mais il régresse aussi, ce n'est pas lui qui tire les bénéfices de la défiance à l'égard du Parti Socialiste au gouvernement.

Il obtient 9,18 %, soit deux points de moins qu'en 1988. A moins de 10 %, il est en dessous des Ecologistes et à plus de trois points du Front National.


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